Lever les obstacles à l’équité
Un couple jouant avec leur bébé.
Photo : svetikd
Le Canada encourage activement l’équité, la diversité et l’inclusion. Malgré les avancées par rapport aux droits peu importe l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression de genre, il est reconnu que certains groupes de personnes éprouvent encore des difficultés d’inclusion et continuent de subir plusieurs formes de marginalisation structurelle et interpersonnelle. La discrimination touche les personnes LGBTQI+ migrantes et racisées, tout comme elle se manifeste à l’égard des personnes en raison de leur origine ethnique, de leur religion, de leur handicap ou de leur âge.
Il reste encore beaucoup à faire pour assurer l’inclusion sociale, économique, culturelle et civique de ces minorités. C’est le travail sur lequel se penche Edward Ou Jin Lee, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les sexualités, les genres et les migrations, et professeur agrégé à l’École de travail social de l’Université de Montréal.
L’intersectionnalité entre les sexualités, les genres et les migrations
L’acquisition de droits ne signifie pas l’acceptation ou l’inclusion sociale. Ainsi, bien qu’il y ait eu des avancées sur le plan des droits pour les communautés LGBTQI+, les préjugés persistent. Et les personnes LGBTQI+ qui présentent d’autres facteurs de vulnérabilité, comme leur origine ou leur appartenance à une minorité raciale ou religieuse, sont encore plus à risque d’être victimes de stigmatisation, de discrimination ou d’injustices. Par exemple, une personne noire âgée LGBTQI+ peut subir non seulement de l’homophobie ou de la transphobie, mais aussi du racisme et de l’âgisme.
« De manière générale, le travail social vise l’atteinte d’une plus grande justice sociale et raciale, explique Edward Lee. En tant que sociologue, je m’intéresse particulièrement aux liens entre la racisation, les parcours migratoires, les genres et les sexualités, notamment en ce qui concerne les expériences vécues par les personnes LGBTQI+ migrantes et racisées. Et comme je fais partie de cette communauté, ces questions me touchent directement aussi. »
Des méthodologies de recherche par et pour les gens
Dans une optique d’amélioration concrète de la vie des gens au quotidien, Edward Lee mène sa recherche selon les méthodologies critique, communautaire, interventionnelle et participative. Par exemple, la méthodologie de l’ethnographie institutionnelle « vise à produire des changements positifs dans la vie des personnes aux prises avec un phénomène social qui les préoccupe ou les fait souffrir », précise Edward Lee.
Cette méthodologie se penche, entre autres, sur l’expérience vécue par les personnes lorsqu’elles entrent en contact avec des institutions sociales. Pensons, par exemple, aux usagères et usagers des établissements de santé et de services sociaux, et aux professionnelles et professionnels qui y travaillent (médecins, personnel infirmier, travailleuses et travailleurs sociaux).
« Mon travail sur le terrain et dans la communauté m’a permis de constater que l’accès aux soins et aux services sociaux était beaucoup plus difficile pour les personnes LGBTQI+ migrantes et racisées. C’est donc dans l’optique d’améliorer les soins intégrés et de répondre aux défis uniques auxquels ces personnes sont confrontées que nous avons fondé la Clinique Mauve ».
Une conseillère animant un groupe de discussion pour adolescentes et adolescents.
Photo : SeventyFour
La Clinique Mauve, un modèle novateur à reproduire
Les populations LGBTQI+ migrantes et racisées font face à de nombreux obstacles structurels et intersectionnels lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins de santé et d’en bénéficier. Ces obstacles, y compris les barrières linguistiques et la transphobie, entre autres, ont des répercussions directes sur la santé de ces personnes.
Lancée au printemps 2020, la Clinique Mauve offre des soins intersectoriels, communautaires et intégrés, (notamment au moyen d’équipes de travail social, de services en santé mentale, de travail communautaire et de paire navigation, un type d’intervention par les pairs) qui adoptent des approches anti-oppressives, intersectionnelles et sensibles aux traumatismes.
Hébergée à l’Université de Montréal et codirigée par Edward Lee, la Clinique Mauve travaille en étroite collaboration avec l’organisme communautaire AGIR. Dans sa prochaine phase de développement interdisciplinaire, la Clinique Mauve offrira, outre les stages actuels en travail social et en psychologie, des stages en médecine, en pharmacie et en sciences infirmières.
« La Clinique Mauve représente un modèle très prometteur de soins intégrés. Nous étudions comment nous pouvons le transposer à plus grande échelle et partager les stratégies avec d’autres milieux de pratique et communautés ailleurs au Canada », indique Edward Lee. À cet effet, les Instituts de recherche en santé du Canada ont récemment accordé une subvention de 750 000 dollars à la Clinique Mauve afin de renforcer les capacités et la collaboration avec des équipes de recherche alliées et des parties prenantes clés au Canada et à l’étranger.
Vers une saine transformation de la société
Les études démontrent que les sociétés inclusives qui tirent pleinement parti de leur diversité sont plus résilientes, dynamiques et prospères. Or, un grand travail de sensibilisation reste à faire auprès de la population, afin de garantir que toutes les personnes sont acceptées, traitées et soignées sur un même pied d’égalité.
« Comme la diversité augmente au sein de la population, il va forcément y avoir un plus grand nombre de personnes LGBTQI+ migrantes et racisées dans la société, déclare Edward Lee. Vous faites peut-être partie de ces personnes, ou vous en comptez parmi vos proches, au travail ou dans votre voisinage. Il est donc important que tout le monde comprenne mieux la réalité de la communauté LGBTQI+ migrante et racisée, car nous sommes tous touchés par les enjeux liés à la sexualité, au genre et à l’immigration. »
Vous voulez en savoir plus?
Pour découvrir les travaux d’Edward Ou Jin Lee sur les sexualités, les genres et les migrations, rendez-vous sur la page Web de l’Université de Montréal.