Des solutions communautaires à l’éducation de la petite enfance
Date de publication : 2025-01-31 11:00:00
Participantes et participants à une exposition de photos en plein air présentant les expériences des familles de nouveaux arrivants et arrivantes avec de jeunes enfants.
Photo : Centre de recherche collaborative sur la petite enfance
Les conditions des milieux de vie, d’apprentissage et de jeux des enfants peuvent avoir un impact déterminant sur leur bien-être et leur développement immédiat et à long terme. Mais toutes les familles n’ont pas accès aux mêmes ressources et n’expérimentent pas ces milieux de la même façon. C’est pourquoi Jessie-Lee McIsaac, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la petite enfance : diversité et transition à la Mount Saint Vincent University, se concentre sur l’identification de politiques importantes et de solutions communautaires afin d’améliorer ces milieux et d’obtenir les meilleurs résultats pour tous les enfants.
« Nos communautés détiennent beaucoup de connaissances sur les milieux sûrs et adaptés à la culture. Mon travail vise à tirer parti de ces connaissances pour créer des milieux d’apprentissage qui favorisent le bien-être des enfants », explique Mme McIsaac.
Faire de la place aux cultures diverses
La reconnaissance accrue de l’importance des années de la petite enfance dans le développement à long terme a conduit à porter une plus grande attention aux milieux d’apprentissage de la petite enfance. Les politiques gouvernementales ont ainsi ciblé les écoles et les programmes de garderie, ainsi que les centres de ressources familiales, les foyers et autres milieux. Les travaux de Mme McIsaac visent à maximiser l’efficacité de ces politiques, en travaillant souvent directement avec les communautés les plus touchées.
« Je ne choisis pas les questions de recherche. Elles proviennent d’initiatives locales et de questions ou préoccupations soulevées par la communauté. Ces recherches alimentent ensuite d’autres recherches et font ainsi progresser le cycle », dit-elle.
C’est ce qui s’est passé dans le cadre d’un projet récent portant sur les expériences des éducatrices et éducateurs de la petite enfance noirs et afro-néo-écossais. Après la remise des diplômes à la première cohorte du programme d’éducation de la petite enfance africaine du Nova Scotia Community College, une personne responsable de l’instruction s’est demandé comment les enseignements du programme seraient reçus au sein d’un système éducatif typiquement eurocentrique. Pour le savoir, l’équipe de Mme McIsaac a travaillé avec 12 diplômées et diplômés du programme dans le cadre d’un projet photovoice afin d’explorer leurs expériences (en anglais) alors qu’elles et ils commençaient à mettre en œuvre leurs apprentissages.
Présentés lors d’un événement tenu en novembre 2024, les résultats ont mis en évidence un large éventail d’expériences, mais les participantes et participants ont également cerné plusieurs thèmes communs. Elles et ils ont indiqué que le fait de favoriser leur propre bien-être et d’affirmer leur propre identité noire était essentiel pour créer des milieux sûrs permettant aux enfants d’explorer leurs identités. En outre, le choix de ressources culturellement représentatives s’est avéré essentiel pour que tous les enfants se sentent vus et valorisés. Les diplômées et diplômés ont également déterminé que l’expression personnelle et la connexion - en particulier avec la nature et le plein air – étaient essentielles pour aider les enfants à explorer et à renforcer leurs liens culturels.
Le soutien est un autre thème commun relevé. Certains participants et participantes ont déclaré se sentir soutenus par leurs collègues alors que d’autres ont rencontré des obstacles de la part d’administratrices et d’administrateurs hésitants à adopter des approches d’apprentissage afrocentriques.
« Cette situation a démontré qu’il ne suffit pas de se concentrer sur la diversification de la main-d’œuvre. Cette donnée est importante, mais nous devons aller au-delà de la symbolisation et des journées de reconnaissance. Celles et ceux qui appartiennent à la culture dominante doivent faire de la place chaque jour pour souligner et célébrer la diversité des éducatrices et éducateurs, des familles et des enfants », a déclaré Mme McIsaac.
Une invitation à jouer affichée lors d’un événement mettant en avant l’éducation de la petite enfance africaine.
Photo : Centre de recherche collaborative sur la petite enfance
Repenser l’alimentation des enfants
Un autre de ses projets porte sur l’aspect du bien-être sous l’angle de l’alimentation et des relations des enfants avec celle-ci. Le projet CELEBRATE Feeding (en anglais), un partenariat entre la Mount Saint Vincent University et la University of Prince Edward Island, propose un accompagnement et des ressources aux éducatrices et éducateurs de la petite enfance pour favoriser des approches plus réactives par rapport à l’alimentation. Ces approches procurent aux enfants plus de contrôle sur leurs propres choix alimentaires, les aidant à mieux comprendre les signes de faim et de satiété. L’alimentation réactive encourage également les personnes qui s’occupent des enfants à réagir en conséquence, au lieu d’obliger les enfants à manger des quantités déterminées à des heures déterminées.
« En examinant les conversations autour des repas et en réduisant la pression exercée par les adultes sur ce que les enfants doivent manger, nous aidons ces derniers à être plus en phase avec les besoins de leur propre corps et à développer des relations plus saines avec la nourriture. En fin de compte, cela favorise leur apprentissage et leur développement », explique-t-elle.
Élargir les possibilités de bien-être pour les enfants
Mme McIsaac entame son deuxième mandat en tant que titulaire d’une chaire de recherche du Canada. Au cours de ce mandat, elle prévoit de se concentrer sur la mise en pratique de la recherche. Il s’agit notamment de partager les connaissances et l’expérience acquises par les familles et les communautés (en particulier celles qui sont marginalisées) et de travailler avec ces communautés pour concevoir conjointement des solutions visant à favoriser le bien-être des enfants dans des domaines tels que la santé mentale et la nutrition. Il s’agit également d’évaluer la manière dont les nouvelles politiques ont été mises en œuvre afin d’y apporter les ajustements nécessaires pour maximiser leur impact sur les enfants et leurs familles.
Elle veut mettre en place un réseau sur l’équité dans le Canada Atlantique, composé de chercheuses et chercheurs, d’éducatrices et éducateurs de la petite enfance, de responsables politiques et communautaires, de responsables de programmes de garde d’enfants et d’autres personnes, afin de partager les pratiques exemplaires et les ressources pour créer le changement et éviter les doubles emplois. Elle veut également étendre les initiatives réussies en matière d’apprentissage de la petite enfance à une plus grande échelle tant sur les plans national qu’international.
« Mon objectif a toujours été de faciliter la bonne santé chez les enfants. Il s’agit d’examiner les milieux d’apprentissage physiques et sociaux, ainsi que les personnes qui y participent, et d’analyser comment ils se combinent pour créer des possibilités de bien-être pour les enfants », dit-elle.