Des questions intenses au sujet des soins intensifs


Nouvelles recherches visant une meilleure évolution de l’état des malades admis aux soins intensifs

Date de publication : 2022-04-06 12:00:00

Soins prodigués à des personnes atteintes de la COVID-19 à l’unité de soins intensifs du Centre Sunnybrook des sciences de la santé, à Toronto en février 2021. (La Dre Hannah Wunsch est à droite.)

Photo : Centre Sunnybrook des sciences de la santé

Ces deux dernières années, la pandémie de COVID-19 a soulevé un certain nombre de questions au sujet des unités de soins intensifs. Comment devraient-elles être structurées et dotées? Quel en serait le meilleur fonctionnement? Hannah Wunsch, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’organisation et les résultats des soins intensifs de l’University of Toronto, a commencé à se pencher sur ces questions et bien d’autres alors qu’elle était étudiante en médecine. Aujourd’hui, elle veut obtenir une idée précise des pratiques qui donnent les meilleurs résultats aussi bien en temps normal que dans les périodes où la demande est exceptionnelle, comme c’est le cas lorsqu’il y a une pandémie mondiale.

Un domaine qui en est encore à ses balbutiements

La toute première unité de soins intensifs a été créée dans les années 1950 durant l’épidémie de polio. Depuis, il y a eu très peu de recherches sur les meilleurs modèles et les pratiques les plus judicieuses en soins intensifs, en dépit des pressions toujours plus fortes qui s’exercent sur les hôpitaux et sur le système de santé. Il en résulte de multiples possibilités en matière de recherche, et cela peut se traduire par des répercussions directes et concrètes sur l’évolution de l’état des malades.

Contrairement à ce qui se passe dans des domaines bien établis comme la cardiologie, il y a encore des questions élémentaires au sujet des unités de soins intensifs auxquelles on n’a toujours pas trouvé de réponse, selon Hannah Wunsch. Un de ses premiers projets de recherche a eu pour objet de déterminer le nombre de lits en soins intensifs pour 100 000 habitants dans huit pays, dont le Canada.

Comprendre les données de référence pour mieux faire face à la demande en période de pointe

Elle s’apprête maintenant à examiner des hôpitaux aux États-Unis et au Canada pour comprendre comment des hôpitaux de tailles différentes et de régions différentes établissent la répartition du personnel de leur unité de soins intensifs entre intensivistes (médecins qui se spécialisent en soins intensifs) et autres fonctions. De concert avec des collègues œuvrant de part et d’autre de la frontière, elle compte étudier, entre autres, le ratio intensiviste-patients ainsi que la proportion d’intensivistes, d’infirmières et infirmiers et d’autres fournisseurs de soins au sein des équipes des unités de soins intensifs – et déterminer comment les différentes approches utilisées influent sur les soins prodigués aux malades et sur l’évolution de leur état.

Soins prodigués à des personnes atteintes de la COVID-19 à l’unité de soins intensifs du Centre Sunnybrook des sciences de la santé, à Toronto en février 2021.

Photo : Kevin van Paassen/Centre Sunnybrook des sciences de la santé

Ces travaux tableront sur des recherches qu’elle a exécutées précédemment, avec des collègues d’autres pays, sur la dotation en personnel d’unités de soins intensifs situées au Royaume-Uni et en Australie. Au Royaume-Uni, elle a observé une baisse de la mortalité lorsque chaque intensiviste était responsable de quelque huit ou neuf patients. Elle précise toutefois que l’on ne peut présumer que le ratio est le même pour tous les pays. En effet, les différences qui existent entre les populations, les systèmes de santé et d’autres facteurs ont toutes des répercussions importantes sur l’évolution de l’état des malades et, par conséquent, ce qui fonctionne bien au Royaume-Uni donnera ou ne donnera pas de bons résultats au Canada. C’est pourquoi il est crucial de considérer chaque pays séparément.

Les travaux d’Hannah Wunsch portent actuellement sur les pratiques en soins intensifs d’avant la COVID-19, mais il sera possible d’en tirer parti dans le cadre de futures pandémies puisqu’ils fourniront des données de référence auxquelles les données réunies ces deux dernières années pourront être comparées.

Il y aura énormément de données à étudier au cours des prochaines années, estime-t-elle. Cela aidera à comprendre ce qui s’est produit quand il y a eu explosion du nombre de cas, les stratégies qui ont aidé quand les ressources se faisaient rares et les options à privilégier pour la dotation et pour la prestation des soins la prochaine fois.

Réduire au minimum les dommages causés par les opioïdes

Un autre aspect des travaux d’Hannah Wunsch a trait à la prescription d’opioïdes par les hôpitaux aux personnes qui sont ou ont été aux soins intensifs. Il y a très peu de malades des unités de soins intensifs qui feront une utilisation abusive des opioïdes une fois sortis de l’hôpital mais, compte tenu de la crise actuelle, il est important de comprendre les facteurs qui pourraient entraîner l’utilisation d’opioïdes par des personnes ayant reçu leur congé.

L’un des facteurs examinés consiste à déterminer s’il y a un lien entre le type d’opioïde prescrit en soins intensifs et le taux d’utilisation abusive. Ces travaux sont on ne peut plus pertinents maintenant, étant donné que beaucoup de malades de la COVID-19 ont eu besoin de quantités substantielles de sédatifs et d’antidouleurs et que cela pourrait aider à jeter un éclairage sur les effets à long terme des pratiques des unités de soins intensifs en matière d’ordonnances.

Soutenir la transformation des unités de soins intensifs

Les unités de soins intensifs sont toutes un peu différentes les unes des autres, mais le modèle de base n’a guère changé depuis les tout débuts des soins intensifs structurés, et ce, en dépit d’avancées dans pratiquement tous les autres aspects de la médecine. En raison de l’absence de recherches sur la structure des unités de soins intensifs et sur la prestation des soins, il y a peu de données pouvant orienter la conception de nouveaux modèles. Hannah Wunsch espère que ses travaux vont changer cela en fournissant les données probantes nécessaires pour soutenir l’optimisation de l’affectation des ressources, de la prise de décision et des lignes directrices, de manière à favoriser un fonctionnement aussi efficace et aussi sûr que possible des unités de soins intensifs.

Son but : aider les Canadiennes et les Canadiens dont l’état est critique à vivre de meilleures expériences et à se diriger vers une évolution positive.

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur les travaux d’Hannah Wunsch, on peut la suivre sur son compte Twitter et consulter son site Web et le site de l’Acute and Intensive Care Outcomes Research Network (tous en anglais).