Aider les femmes et les jeunes filles à envisager un avenir en STIM


Le rôle du personnel enseignant dans la promotion de l’identité scientifique

Date de publication : 2024-02-12 10:00:00

Julie Hlavacek-Larrondo, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique observationnelle des trous noirs, entourée de membres du corps étudiant et du personnel de Parité sciences au Festival Eurêka à Montréal, en mai 2023. De gauche à droite : Azin Mohammadi, Rebecca Hamel, Mirjam Fines-Neuschild (cofondatrice de Parité sciences), Julie Hlavacek-Larrondo et Blanche Mongeon.

Photo : Parité sciences


Julie Hlavacek-Larrondo s’intéresse aux sciences depuis son plus jeune âge. Beaucoup de filles partagent le même intérêt, étudiant et excellant dans les sciences de l’école primaire à l’école secondaire. Mais peu d’entre elles poursuivent des études en sciences après avoir obtenu leur diplôme : les femmes ne représentent que 20 p. 100 des membres du corps étudiant universitaire dans le domaine des sciences. Aujourd’hui, Mme Hlavacek-Larrondo est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique observationnelle des trous noirs à l’Université de Montréal et, grâce à l’initiative Parité sciences, elle s’efforce d’ouvrir la voie à un plus grand nombre de jeunes filles et de femmes pour qu’elles poursuivent une carrière dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).

« Tout le monde devrait pouvoir choisir sa carrière sans être en proie aux préjugés de la société », estime-t-elle.

L’importance du mentorat

L’astrophysicienne Julie Hlavacek-Larrondo encadre Geneviève Sarrazin, élève du secondaire. Les deux sont à l'avant d'un tableau blanc plein des équations de la physique.

L’astrophysicienne Julie Hlavacek-Larrondo encadre Geneviève Sarrazin, élève du secondaire. Voilà le type d’initiatives prises par Parité sciences : utiliser des exemples concrets pour montrer à de jeunes étudiantes en quoi consiste la science de manière à ce qu’elles puissent se construire une identité scientifique.

Photo : Marie-France Bélanger, Les Années Lumière, Radio-Canada

Dans le cadre de sa recherche, Mme Hlavacek-Larrondo étudie les trous noirs supermassifs qui se trouvent au cœur de chaque galaxie, lesquels sont parmi les phénomènes extrêmes de l’univers. En analysant, avec l’aide de l’intelligence artificielle, la quantité massive de données générées par les télescopes de pointe, la chercheuse et son équipe ont découvert que les trous noirs jouent un rôle fondamental dans la formation des galaxies depuis la naissance de l’univers, il y a plus de 13 milliards d’années. L’équipe de recherche sera parmi les premières à avoir accès aux données du nouveau télescope XRISM (en anglais), qui sera envoyé du Japon en 2023.

Pour gagner sa place à la pointe de la recherche sur les trous noirs supermassifs, Julie Hlavacek-Larrondo a dû travailler dur, faire preuve de dévouement et jouir d’importants mentorats tout au long de son parcours. Premier modèle à émuler : sa mère qui, passionnée de chimie, avait quitté le Chili pour s’installer en Russie afin de poursuivre ses études. Cet acte de volonté lui a montré qu’il est possible de surmonter tous les obstacles dans la poursuite de ses objectifs. En outre, un grand nombre de ses enseignantes et enseignants l’ont encouragée à relever des défis, aussi bien pour ce qui était d’étudier la physique de la téléportation au secondaire que de poser sa candidature et d’être acceptée à certains des programmes postsecondaires en astrophysique des plus ambitieux, dont ceux de la Cambridge University, où elle a obtenu un doctorat en astronomie et en astrophysique, et de la Stanford University, où elle a bénéficié d’une bourse postdoctorale Einstein financée par la NASA.

Malgré sa propre réussite, Mme Hlavacek-Larrondo n’a pu s’empêcher de remarquer le manque relatif de femmes et de minorités racialisées autour d’elle tout au long de ses études et de sa carrière. Ayant toujours misé sur le mentorat de la prochaine génération de femmes scientifiques, elle a fondé Parité sciences en 2020 avec ses collègues Mirjam Fines-Neuschild et Jean-François Arguin dans le but d’élargir la portée de leur travail.

Voir pour devenir

Deux jeunes filles portent des t-shirts mauve et des blue jeans; elles sont debout en arrière d'un table avec une nappe noir. Par dessus du table, il y a 4 placards en format A4 qui reste sur des chevalet improvisé en carton; chaques placard présente une femmes scientifiques célébres.

Deux étudiantes au kiosque de Parité Sciences dans le cadre de l’événement Les filles et les sciences, Montréal, octobre 2023

Photo : Maria Delgado

L’un des principaux facteurs qui poussent les jeunes filles à embrasser une carrière en sciences est le concept d’identité scientifique, c’est-à-dire la capacité à s’imaginer scientifiques.

« Si vous demandez à un groupe d’enfants de dessiner une ou un scientifique, la plupart dessineront un homme blanc en blouse de laboratoire, précise Mme Hlavacek-Larrondo. Cette conception par défaut de l’image du scientifique empêche les jeunes filles et les minorités d’envisager cette option pour elles-mêmes. Heureusement, l’identité scientifique peut changer et se construire au fil du temps. »

Comme les enseignantes et enseignants jouent un rôle important dans l’établissement de l’identité scientifique et l’intérêt des jeunes filles pour les sciences, l’équipe de Parité sciences mobilise ses efforts dans les salles de classe. Elle offre notamment un atelier en ligne d’une heure présentant aux enseignantes et enseignants dix changements simples à apporter en classe pour développer l’identité scientifique de leurs élèves.

Par exemple, plutôt que de demander aux élèves de se porter volontaire pour répondre à une question (ce qui a tendance à mettre en valeur le même petit groupe d’élèves – souvent des garçons – ayant suffisamment confiance pour lever la main), Parité sciences encourage les enseignantes et enseignants à faire en sorte que les élèves discutent de la question en petits groupes, avant de se réunir pour former une réponse en collaboration. Cette façon de faire permet d’accroître la participation d’un plus grand nombre d’élèves et d’aider les élèves à reconnaître leur propre capacité à apporter des contributions significatives.

L’atelier gratuit est accompagné d’une boîte à outils comprenant des infographies et de nombreux exemples de carrières possibles dans le domaine des STIM. Le matériel est également disponible sous forme de cours autoguidé de trois heures, lequel est reconnu dans le cadre des exigences de formation continue des enseignantes et enseignants du Québec.

Plus de femmes en STIM pour une meilleure recherche

Depuis son lancement en 2021, Parité sciences a formé 900 éducatrices et éducateurs et eu un impact sur environ 42 000 élèves du Québec. En plus de dons privés, l’initiative a reçu plus de 800 000 $ en subventions des gouvernements fédéral et provincial. Elle a aussi été présentée lors de multiples conférences, donc l’Atlantic Undergraduate Physics and Astronomy Conference en février 2023, ce qui a permis d’envisager d’étendre l’initiative aux provinces des Maritimes.

Ce n’est là qu’un début pour Julie Hlavacek-Larrondo et ses collègues. Elles et ils espèrent voir un jour l’initiative s’étendre à l’ensemble du pays et mettre davantage l’accent sur d’autres groupes sous-représentés.

« C’est non seulement une question de justice sociale, mais aussi d’amélioration de la science, précise la chercheuse. Les meilleurs résultats s’obtiennent lorsque l’on intègre de nombreux points de vue, car une plus grande diversité permet d’obtenir des résultats meilleurs et plus novateurs. »

Vous voulez en savoir plus?

Pour en savoir plus sur les travaux de Julie Hlavacek-Larrondo visant à appuyer les femmes et les jeunes filles en STIM, visitez le site Web de Parité sciences, où des ateliers, des cours et des ressources sont disponibles gratuitement, et regardez la vidéo sur le sujet.